Le Bulletin   
 APDRA
Numéro  4             MAI   1999 

Journal interne de l'APDRA-F et de l'APDRA-CI  
 

 
 

 
 
 
 
   
 Carpes chinoises : mauvaises nouvelles et bonnes nouvelles. 
Frédéric GLASSER 

Depuis le dernier numéro du journal, beaucoup d'événements ont eu lieu concernant la carpe chinoise. Pour plus de clarté, nous allons commencer par un rappel de l'histoire des carpes chinoises depuis leur arrivée en Côte d'Ivoire. 

En 1994, le Projet a importé 1200 petits alevins de carpe chinoise venant du Maroc. Ces alevins ont été suivis au début, pour voir s'ils n'avaient pas de maladies, puis confiés à des pisciculteurs pour les faire grossir. A partir de 1996, ces poissons ont été ramassés chez les pisciculteurs et regroupés à la station pour commencer les 
recherches sur la reproduction : il en restait environ 100. La première reproduction a eu lieu 
en octobre 1997, et les alevins ont été distribués en février 1998 aux pisciculteurs qui en voulaient (donnés aux pisciculteurs qui avaient fait grossir les parents, et vendus 50 F par alevin pour les autres). En septembre 1998, une seconde reproduction a produit de nouveaux alevins. 

Au cours des discussions avec les pisciculteurs, nous nous sommes aperçus que beaucoup des alevins distribués début 1998 étaient morts : ils étaient petits, et certains les ont mis dans des étangs avec Hemichromis, qui ont dû les manger, d'autres pisciculteurs ont eu des problèmes d'eau et les alevins sont morts, etc. 

Il y a deux mois, un grand nombre des géniteurs stockés à la station sont morts subitement : ils étaient mis dans des cages pour faire des expériences, ou dans des étangs avec beaucoup d'herbes mortes, et une coupure de l'arrivée d'eau dans le canal a dû provoquer ces fortes mortalités. Il ne reste actuellement que 21 géniteurs, dont 4 femelles. Ce faible nombre de poissons est insuffisant pour faire des expériences pour réussir la reproduction, et cela met en danger la survie de l'espèce en Côte d'Ivoire. La priorité actuelle est donc de produire le maximum de gros poissons pour faire des géniteurs pour la reproduction. Comme nous l'avons dit, il est très difficile de retrouver les poissons distribués en 1998 : beaucoup sont morts, d'autres n'ont pas grossi parce qu'ils étaient mal nourris, donc on ne peut pas actuellement remplacer les géniteurs morts à la station par des nouveaux poissons. 

 
 
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Pour assurer la survie et le bon grossissement des alevins produits l'année dernière, il a été décidé avec le projet et le Conseil Consultatif de l'APDRA-CI de confier ces poissons à des pisciculteurs sélectionnés pour leur bonne connaissance du poisson, la maîtrise de l'eau de leurs étangs, et leur capacité à bien nourrir les poissons. Si l'on donnait quelques alevins à chaque pisciculteur, il y avait un fort risque de mortalité et de mauvaise croissance (comme nous avons vu pour les alevins de 1997). Les pisciculteurs sélectionnés pour la production des géniteurs de carpes chinoises sont responsables de ces poissons pour tous les pisciculteurs du Centre-Ouest et du Sud-Ouest : leurs bons soins permettront à tous d'avoir accès à des alevins en grand nombre. 

Ces pisciculteurs s'engagent avec le projet et le Conseil Consultatif de l'APDRA-CI, qui assurera le suivi de ces poissons après le départ du projet (voir le contrat ci-joint). 

Malgré ces mauvaises nouvelles, le travail continue à la station de Gagnoa : nous allons essayer de produire des alevins cette année en 
grand nombre, et d'améliorer les techniques de la reproduction. 

Il y a quand même de bonnes nouvelles : les quelques poissons nés en 1997 qui ont survécu ont eu de bonnes croissances : certains dépassent 2 kilos après un an de grossissement. Par contre, chez les pisciculteurs qui ne mettent pas d'herbe dans leurs étangs, les carpes n'ont pas grossi du tout (certaines font 100 grammes seulement). 

Ensuite, certaines des femelles sont matures (leurs oeufs sont bien développés), ce qui signifie que l'on peut reproduire ces poissons rapidement (un an et demi après leur naissance s'ils ont bien grossi). Dans ce cas, les alevins que l'on va donner cette année pourraient être reproduits dans un an. 

Nous avons eu un financement de la Coopération Française pour faire la recherche sur la reproduction afin de permettre aux pisciculteurs de faire la reproduction eux-mêmes. Nous pensons que le système des grandes écloseries (c'est le nom des piscicultures spécialisées dans la production d'alevins) n'a jamais bien fonctionné en Côte d'Ivoire, et que la meilleure solution pour rendre ces alevins disponibles pour tous les pisciculteurs est de permettre à certains de faire la reproduction sur leur ferme avec du matériel moins cher pour approvisionner les pisciculteurs de la zone. Il y a beaucoup de travail à faire pour cela, et peut-être qu'il faudra encore que la station produisent les alevins pendant deux ou trois ans avant que les pisciculteurs puissent le faire, mais peut-être aussi que l'on pourra faire des essais sur le terrain dès l'an prochain...