Le Bulletin   
 APDRA
Numéro  4             MAI   1999 

Journal interne de l'APDRA-F et de l'APDRA-CI  
 

 
       Témoignages et Interview:
 
 
   
 Expérience et réflexion d’un aménagiste : 

" Petites lagunes piscicoles dans la zone de Bahompa (s/p de Ouragahio)

Par Gohoure Kouyo Kouyo 

Depuis 1987, mon oncle (M.Obrou Albert) et moi nourrissons le désir d’élever un jour, du poisson à cause de l’étendue et de la retenue importante d’eau de notre bas-fond. Personne n’ose nous croire parce que l’élevage de poisson est  méconnu dans la région en général et en particulier dans notre zone, mais nous y tenions quand même. Un jour, mon oncle eut l’occasion en 1994 de découvrir les aménagements piscicoles à Man de l’ancien ministre Duon Sadia. 
Notre motivation devint plus importante à tel point que l’oncle, en service pendant cette période à Kouibly, trouve à Man un technicien en la matière avec qui véritablement les choses sérieuses commencent. Un encadrement depuis Man commence, alors que Gagnoa et Sinfra sont tout proche et peuvent bien nous former. Quand nous nous sommes adressés aux agents de Sinfra en l’occurrence à MM.Ouphouet et Cédric, leur refus a été systématique parce que notre zone est loin du projet malgré son inclusion dans la région du Centre-Ouest où il intervient mais surtout, il le reconnaît nous sommes les seuls ici à vouloir pratiquer cette activité et cela va revenir trop cher au projet pour ses différents déplacements pour peu de rentabilité. 
Au bénévolat, des étangs sortent de la boue avec l’aide et l’encadrement de cet agent venu spécialement de Man. Deux à trois étangs sont empoissonnés grâce à un collègue découvert à Bayota (axe Ouragahio-Sinfra). Les travaux continuent et un jour sur invitation sur la ferme, M.Ouphouet nous conseille une formation en aménagement piscicole qui devrait avoir lieu à Daloa dans le mois de juillet et août 1996. C’était vraiment un rachat pour nous et nous sautons sur l’occasion. Tous les visiteurs se décourageaient à cause des travaux trop énormes (déplacement de terre important) et insupportables.  Malgré tout, le jeune Gohouré Kouyo-Kouyo que je suis est aussi admis pour cette formation. Là-bas, je ne pouvais pas parler de notre ferme parce que tout ce que nous apprenions, était complètement opposé à ce qui était déjà réalisé chez nous. Je veux parler de l’utilisation de la lunette topo ; les non-aménagements des étangs en milieu rural ; les aménagements en barrage ; la morphologie des bas-fonds ; la manière d’empoissonner les barrages et les étangs intérieurs ; la manière de nourrir ; leurs différents services etc. En tout cas beaucoup de choses ont été apprises à Daloa au cours de cette formation capitale pour moi si bein qu’à mi-formation j’ai fait une dépêche écrite à mon oncle afin que tout travail en cours sur la ferme soit immédiatement arrêté. 
Mon retour couronné d’un véritable vouloir transformer notre ferme en une industrie agro-alimentaire, se meurt en moi au fil des temps pour manque d’autres candidats piscicoles autour de nous et donc pas toujours accès à l’appareil sans lequel je n’avais plus le droit d’exercer. D’août 96 à fin 97, le projet essaie de se pencher sur mon devenir et fait succéder les différents A-CP dans ma zone pour des tournées d’information et de sensibilisation. Là, la carte était bien jouée pour moi et quelques planteurs à Nagadoukou, Sanéfla, Bahompa et Ziplignan se portent candidats et sont inscrits sur la liste des visiteurs des sites aménagés à Sinfra. 

 
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La Rédaction
  Le retour est bénéfique pour moi quand les bas-fonds de la plus part des visiteurs sont piquetés. Ils s’organisent en groupe selon leurs camarades de Sinfra mais les choses allaient vite accoucher d’une souris quand par exemple à Nagadoukou, un candidat sur les deux se 
 
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détache clandestinement pour louer les services 
d’un bulldozer affecté dans la zone pour la confection de sa digue. A Ziplignan où ils se sont constitués en groupe de trois, un aussi mobilise sa petite famille et vont monter clandestinement leur digue parce que la section où est piquetée celle-ci est étroite et que ses camarades allaient bénéficier sur lui lorsque ce serait son tour. Les deux autres sont informés et au cours d’un voyage à Sinfra, un se renseigne auprès de ses collègues de là-bas et obtint un tâcheron qui vient mettre du boom chez ces deux malheureux. Leurs barrages sont terminés et empoissonnés avant celui du déserteur du groupe qui va lui aussi venir louer les services de ce même tâcheron pour l’achèvement de ses travaux. Là-bas, les trois candidats ont tous empoissonnés leurs barrages. Ce même tâcheron est interpellé à Nagadoukou par le malheureux du groupe mais par inondation du site, ses travaux sont bloqués et l’autre le prend pour augmenter et harmoniser sa digue et finir les pentes bafouées par le bulldozer. Il faut surtout souligner cette concurrence dans la zone est du au fait que mon oncle ait mis à la disposition de tous les candidats, son moule de moine, son filet et même promis du poisson gratuitement aux trois premiers qui auraient fini même si ces promesses n’ont pu aboutir dans toute sa totalité. Quelque part, cet oncle est à la base de l’avènement et de la promotion de la pisciculture dans ma zone. 
Partant de là, beaucoup de bas-fonds sont prospectés dont plusieurs piquetés dans la zone. A Nagadoukou, ce sont 4 barrages empoissonnés et 4 en construction par l'équipe de ce tâcheron. A Sanéfla, sur 2 piquetés, 1 en construction. A Ziplignan, sur 13 bas-fonds piquetés 6 sont empoissonnés dont 3 déjà ont mis leurs premiers poissons sur le marché, 6 en construction et le reste attend le démarrage de ses travaux.  A Bahompa, certes la ferme de mon oncle connaît en ce moment des réaménagements plus de nouvelles extensions de barrages mais je suis mal placé pour  commenter car je n’y exerce plus depuis 1997 pour des raisons de famille. Je me suis aussi livré à certaines prestations de service tels que la construction de moines, le sexage, le suivi de chantiers et le transport des poissons. Elles me permettent de survivre en entretenant régulièrement ma très jeune plantation de cacao en m’acquittant des frais d’écolage de mes enfants et leur suivi à domicile, en subvenant quelques fois à leurs frais de santé et notre popote même si jusque là mes suivis de travau ne sont pas rémunérés. Tous ces débuts un peu faussés n’ont pas conduit mes pisciculteurs à la désorganisation en ce sens qu’ils se sont cotisés (à Ziplignan) pour l’achat d’un moule de moine, d’un filet et même la pêche en groupe pour la vente des poissons. En groupe toujours de 3 ou 4 pisciculteurs, ils creusent leur deuxième petit étang et parfois augmente leur digue pour pouvoir doubler le moine afin d’obtenir une plus grande surface productive. A Nagadoukou, c’est un pisciculteur qui achète le filet qu’il veut mettre à la disposition de ses camarades tout en voulant leur faire comprendre qu’il faut participer aux frais d’achat. Là-bas, c’est encore un autre qui prend sur lui l’engagement de faire confectionner un moule de moine par un menuisier de la place afin que les autres lui remboursent son dû. Ici, l’acheteur du filet a même commencé à mettre ses premiers poissons sur le marché qui marche très bien. 
En conclusion, je dédie cette formation à mon grand-frère et oncle M. Obrou Albert et je lui suis très reconnaissant parce que c’est grâce à lui que j’ai été formé et aujourd’hui je concours à la pleine vulgarisation de la pisciculture dans mon cantonde Zedy en particulier et en général dans la S/P de Ouragahio. J’appelle tous mes amis aménagiste du Centre-Ouest comme du Sud-Ouest à persévérer dans toutes les différentes formations afin qu’un jour, ayant maîtrisé tout sur la  pisciculture, on puisse se vendre dans d’autres régions comme l’ouest où le projet BAD intervient aussi dans la pisciculture. Ici, je déclare cette histoire d’attestation que nous demandons au projet après la formation car plusieurs fois, nous avons  essayé d’amener nos formateurs à la raison sans obtenir satisfaction un jour ! Nous n’avons pas non plus les moyens de porter nos revendications aux bailleurs de fond qui s’arrêtent aux dirigeants du projet. 

Je déplore beaucoup le fait que nous criions attestation alors que nous boudons la naissance de notre propre association pouvant nous amener à une confection informelle puis à la longue formelle pourquoi pas ? Pour moi, réussite convient à persévérance dans ce qu’on fait et bien le faire mes chers amis alors ne désespérons pas. 
Je vous dis à tous du courage et Dieu fasse qu’on se retrouve à la formation pour mieux apprendre 
 

  
Une difficulté de la revendication de Gohouré de faire un groupe d’aménagistes est que tous les aménagistes ne sont pas dévoués au développement de la pisciculture, il suffit de lire le dernier PV du CC. Un aménagiste ne donne entière satisfaction que lorsque les pisciculteurs de sa zone le poussent à s’améliorer en lui montrant les défauts des premiers piquetages effectués. Au cours du dernier CC, il aussi été décidé de faire une liste des aménagistes soucieux du développement de la pisciculture et qui ont toute la confiance des pisciculteurs sympathisants et des membres de l’APDRA-CI . Cette solution est, peut-être, un bon compromis entre une attestation dont on peut abuser et, l’attitude contraire,, et l’ignorance des qualités des bons aménagistes lorqu’elles sont reconnues.                                                 
   Marc Oswald