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Expérience
et réflexion d’un aménagiste :
" Petites lagunes piscicoles dans la zone de Bahompa (s/p
de Ouragahio).
Par Gohoure Kouyo Kouyo
Depuis 1987, mon oncle (M.Obrou Albert) et moi nourrissons le désir
d’élever un jour, du poisson à cause de l’étendue
et de la retenue importante d’eau de notre bas-fond. Personne n’ose nous
croire parce que l’élevage de poisson est méconnu dans
la région en général et en particulier dans notre
zone, mais nous y tenions quand même. Un jour, mon oncle eut l’occasion
en 1994 de découvrir les aménagements piscicoles à
Man de l’ancien ministre Duon Sadia.
Notre motivation devint plus importante à tel point que l’oncle,
en service pendant cette période à Kouibly, trouve à
Man un technicien en la matière avec qui véritablement les
choses sérieuses commencent. Un encadrement depuis Man commence,
alors que Gagnoa et Sinfra sont tout proche et peuvent bien nous former.
Quand nous nous sommes adressés aux agents de Sinfra en l’occurrence
à MM.Ouphouet et Cédric, leur refus a été systématique
parce que notre zone est loin du projet malgré son inclusion dans
la région du Centre-Ouest où il intervient mais surtout,
il le reconnaît nous sommes les seuls ici à vouloir pratiquer
cette activité et cela va revenir trop cher au projet pour ses différents
déplacements pour peu de rentabilité.
Au bénévolat, des étangs sortent de la boue avec
l’aide et l’encadrement de cet agent venu spécialement de Man. Deux
à trois étangs sont empoissonnés grâce à
un collègue découvert à Bayota (axe Ouragahio-Sinfra).
Les travaux continuent et un jour sur invitation sur la ferme, M.Ouphouet
nous conseille une formation en aménagement piscicole qui devrait
avoir lieu à Daloa dans le mois de juillet et août 1996. C’était
vraiment un rachat pour nous et nous sautons sur l’occasion. Tous les visiteurs
se décourageaient à cause des travaux trop énormes
(déplacement de terre important) et insupportables. Malgré
tout, le jeune Gohouré Kouyo-Kouyo que je suis est aussi admis pour
cette formation. Là-bas, je ne pouvais pas parler de notre ferme
parce que tout ce que nous apprenions, était complètement
opposé à ce qui était déjà réalisé
chez nous. Je veux parler de l’utilisation de la lunette topo ; les non-aménagements
des étangs en milieu rural ; les aménagements en barrage
; la morphologie des bas-fonds ; la manière d’empoissonner les barrages
et les étangs intérieurs ; la manière de nourrir ;
leurs différents services etc. En tout cas beaucoup de choses ont
été apprises à Daloa au cours de cette formation capitale
pour moi si bein qu’à mi-formation j’ai fait une dépêche
écrite à mon oncle afin que tout travail en cours sur la
ferme soit immédiatement arrêté.
Mon retour couronné d’un véritable vouloir transformer
notre ferme en une industrie agro-alimentaire, se meurt en moi au fil des
temps pour manque d’autres candidats piscicoles autour de nous et donc
pas toujours accès à l’appareil sans lequel je n’avais plus
le droit d’exercer. D’août 96 à fin 97, le projet essaie de
se pencher sur mon devenir et fait succéder les différents
A-CP dans ma zone pour des tournées d’information et de sensibilisation.
Là, la carte était bien jouée pour moi et quelques
planteurs à Nagadoukou, Sanéfla, Bahompa et Ziplignan se
portent candidats et sont inscrits sur la liste des visiteurs des sites
aménagés à Sinfra.
Prochain rendez-vous au
mois
d'Octobre
En vous remerciant de votre participation
A Bientôt,
La Rédaction
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Le retour est bénéfique pour moi quand les
bas-fonds de la plus part des visiteurs sont piquetés. Ils s’organisent
en groupe selon leurs camarades de Sinfra mais les choses allaient vite
accoucher d’une souris quand par exemple à Nagadoukou, un candidat
sur les deux se
début
précèdent
suivant |
détache clandestinement pour
louer les services
d’un bulldozer affecté dans la zone pour la confection de sa
digue. A Ziplignan où ils se sont constitués en groupe de
trois, un aussi mobilise sa petite famille et vont monter clandestinement
leur digue parce que la section où est piquetée celle-ci
est étroite et que ses camarades allaient bénéficier
sur lui lorsque ce serait son tour. Les deux autres sont informés
et au cours d’un voyage à Sinfra, un se renseigne auprès
de ses collègues de là-bas et obtint un tâcheron qui
vient mettre du boom chez ces deux malheureux. Leurs barrages sont terminés
et empoissonnés avant celui du déserteur du groupe qui va
lui aussi venir louer les services de ce même tâcheron pour
l’achèvement de ses travaux. Là-bas, les trois candidats
ont tous empoissonnés leurs barrages. Ce même tâcheron
est interpellé à Nagadoukou par le malheureux du groupe mais
par inondation du site, ses travaux sont bloqués et l’autre le prend
pour augmenter et harmoniser sa digue et finir les pentes bafouées
par le bulldozer. Il faut surtout souligner cette concurrence dans la zone
est du au fait que mon oncle ait mis à la disposition de tous les
candidats, son moule de moine, son filet et même promis du poisson
gratuitement aux trois premiers qui auraient fini même si ces promesses
n’ont pu aboutir dans toute sa totalité. Quelque part, cet oncle
est à la base de l’avènement et de la promotion de la pisciculture
dans ma zone.
Partant de là, beaucoup de bas-fonds sont prospectés
dont plusieurs piquetés dans la zone. A Nagadoukou, ce sont 4 barrages
empoissonnés et 4 en construction par l'équipe de ce tâcheron.
A Sanéfla, sur 2 piquetés, 1 en construction. A Ziplignan,
sur 13 bas-fonds piquetés 6 sont empoissonnés dont 3 déjà
ont mis leurs premiers poissons sur le marché, 6 en construction
et le reste attend le démarrage de ses travaux. A Bahompa,
certes la ferme de mon oncle connaît en ce moment des réaménagements
plus de nouvelles extensions de barrages mais je suis mal placé
pour commenter car je n’y exerce plus depuis 1997 pour des raisons
de famille. Je me suis aussi livré à certaines prestations
de service tels que la construction de moines, le sexage, le suivi de chantiers
et le transport des poissons. Elles me permettent de survivre en entretenant
régulièrement ma très jeune plantation de cacao en
m’acquittant des frais d’écolage de mes enfants et leur suivi à
domicile, en subvenant quelques fois à leurs frais de santé
et notre popote même si jusque là mes suivis de travau ne
sont pas rémunérés. Tous ces débuts un peu
faussés n’ont pas conduit mes pisciculteurs à la désorganisation
en ce sens qu’ils se sont cotisés (à Ziplignan) pour l’achat
d’un moule de moine, d’un filet et même la pêche en groupe
pour la vente des poissons. En groupe toujours de 3 ou 4 pisciculteurs,
ils creusent leur deuxième petit étang et parfois augmente
leur digue pour pouvoir doubler le moine afin d’obtenir une plus grande
surface productive. A Nagadoukou, c’est un pisciculteur qui achète
le filet qu’il veut mettre à la disposition de ses camarades tout
en voulant leur faire comprendre qu’il faut participer aux frais d’achat.
Là-bas, c’est encore un autre qui prend sur lui l’engagement de
faire confectionner un moule de moine par un menuisier de la place afin
que les autres lui remboursent son dû. Ici, l’acheteur du filet a
même commencé à mettre ses premiers poissons sur le
marché qui marche très bien.
En conclusion, je dédie cette formation à mon grand-frère
et oncle M. Obrou Albert et je lui suis très reconnaissant parce
que c’est grâce à lui que j’ai été formé
et aujourd’hui je concours à la pleine vulgarisation de la pisciculture
dans mon cantonde Zedy en particulier et en général dans
la S/P de Ouragahio. J’appelle tous mes amis aménagiste du Centre-Ouest
comme du Sud-Ouest à persévérer dans toutes les différentes
formations afin qu’un jour, ayant maîtrisé tout sur la
pisciculture, on puisse se vendre dans d’autres régions comme l’ouest
où le projet BAD intervient aussi dans la pisciculture. Ici, je
déclare cette histoire d’attestation que nous demandons au projet
après la formation car plusieurs fois, nous avons essayé
d’amener nos formateurs à la raison sans obtenir satisfaction un
jour ! Nous n’avons pas non plus les moyens de porter nos revendications
aux bailleurs de fond qui s’arrêtent aux dirigeants du projet.
Je déplore beaucoup le fait que nous criions attestation alors
que nous boudons la naissance de notre propre association pouvant nous
amener à une confection informelle puis à la longue formelle
pourquoi pas ? Pour moi, réussite convient à persévérance
dans ce qu’on fait et bien le faire mes chers amis alors ne désespérons
pas.
Je vous dis à tous du courage et Dieu fasse qu’on se retrouve
à la formation pour mieux apprendre
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