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CARPES CHINOISES : AFFAIRES D'ALEVINS
Par Frédéric GLASSER
L'APDRA-CI a réussi la production d'alevins de carpe chinoise en 1999.
Cette espèce est très demandée par les pisciculteurs, mais était encore
contestée par la recherche ivoirienne l'année dernière. Plusieurs chercheurs
ont voulu interdire cette espèce en Côte d'Ivoire, par peur qu'elle puisse
se reproduire dans les rivières et envahir toutes les eaux de Côte d'Ivoire.
Par conséquent, le ministère a interdit les ventes d'alevins pendant plusieurs
mois, les alevins sont restés à la station de Gagnoa.
L'APDRA-CI a défendu la carpe chinoise en disant que les risques de reproduction
naturelle dans les eaux de Côte d'ivoire sont très faible (cette espèce
ne s'est jamais reproduite dans beaucoup de pays où elle a été importée)
et que par contre elle peut assurer une bonne production de poissons pour
les pisciculteurs : car sa croissance est bonne si elle est bien nourries
d'herbes, que l'on trouve facilement aux alentours des étangs et des barrages.
Au mois de décembre, le Ministère a autorisé la vente des alevins aux
pisciculteurs.
Il faut retenir que la carpe chinoise est un poisson importé en Côte
d'Ivoire, et que de toute façon les pisciculteurs doivent éviter qu'elle
s'échappe des barrages ou des étangs pour aller dans les rivières.
A ce jour, dix mille (10 000) alevins ont été vendus aux pisciculteurs
du Centre-Ouest et du Sud-Ouest.
Les transports se sont la plupart du temps bien passés, par contre des
mortalités ont été observées pendant le prégrossissement des poissons,
souvent par manque d'eau dans les étangs de prégrossissement. En effet,
la station de Gagnoa est trop petite pour pouvoir faire le prégrossissement
des poissons. Les petits alevins qui sont vendus aux pisciculteurs doivent
être mis seuls dans les étangs ou les barrages, jusqu'à ce qu'ils ont
une taille suffisante pour échapper aux hémichromis et silures (c'est
le prégrossissement).
Les pisciculteurs doivent faire ce travail, soit ensemble (plusieurs
pisciculteurs s'associent pour prégrossir leurs poissons), soit seuls
(le pisciculteur commence son empoissonnement par les carpes chinoises,
puis 2 à 3 semaines plus tard les autres espèces).
La reproduction des carpes chinoises n'est pas encore assez connue pour
que les pisciculteurs puissent produire eux-mêmes leurs alevins. Face
à ce problème, l'APDRA-CI propose deux solutions :
- continuer les recherches, pour que la reproduction soit mieux connue,
et que dans quelques années, les pisciculteurs puissent le faire eux-mêmes.
- en attendant, produire des alevins pour fournir les pisciculteurs.
Pour cela, elle va monter une petite écloserie, qui devra être rentable
et capable de produire des alevins en permanence pour répondre à la
demande.
C'est une solution d'attente : l'APDRA-CI pense que la carpe chinoise
doit être reproduite par les pisciculteurs si on veut vraiment que la
production d'alevins soit toujours assurée en Côte d'Ivoire
Des reproductions sont actuellement en cours à la station de Gagnoa.
Normalement, des alevins de carpe chinoise seront disponibles à partir
de la fin du mois de juin. Les pisciculteurs intéressés peuvent téléphoner
à l'APDRA-CI (32 78 30 38 ) ou passer à la station pour plus de renseignements.
Le grossissement des carpes chinoises
Des données de grossissement en barrages ont été obtenues à partir des
poissons nés en 1998. Dans beaucoup de cas, les poissons ont atteint un
poids moyen de 1kg à 1,5kg en 6 à 7 mois de grossissement, les plus gros
poissons dépassant les 2 kg. Cela prouve que la croissance peut être très
rapide.
Il faut préciser que ces résultats ont été atteints chez des pisciculteurs
qui ont beaucoup nourri leurs poissons avec des herbes, feuilles et déchets
végétaux. Si les poissons ne sont pas nourris, ils restent très petits
même après plusieurs années.
Plusieurs pisciculteurs ont observé des poissons qui grossissent bien
alors que d'autres restent petits (ils ont même cru que les petits étaient
les enfants des gros, ce qui est impossible).
On ne connaît pas bien l'explication, mais il semble que quand la nourriture
n'est pas suffisante, les gros mangent tout et les plus petits n'ont plus
rien. Quand les poissons sont suffisamment alimentés, ce phénomène n'est
pas observé. C'est pour cela qu'il est intéressant de ne pas mettre trop
de poissons ensemble afin d'avoir une forte croissance sur tous les individus.
L'APDRA-CI est très intéressée par tous les pisciculteurs qui peuvent
écrire les résultats de leurs empoissonnements et de leurs pêches pour
mieux connaître la production de la carpe chinoise.
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Achat d'un terrain à Daloa : le futur centre d'essais et de
formation de l'apdra-ci
L'APDRA-CI a acheté un bas-fonds de 4 hectares à Daloa, auprès de M.
N'gessan Lazare, un pisciculteur qui souhaitait se retirer de l'activité.
Nous avons également acheté 3 lots à proximité de ce terrain. Le projet
est de construire un centre de formation et une petite station d'expérimentation
à Daloa.
La station de Gagnoa est très intéressante, mais il n'est pas possible
de construire de nouveau étangs, et la place est trop limitée si l'on
veut continuer les recherches sur la carpe chinoise et sur les autres
espèces. Ce terrain de Daloa, où il y a déjà 2 barrages et 2 étangs, permettra
de compléter celle de Gagnoa pour mieux travailler.
Par ailleurs, l'APDRA-CI pense qu'il y aura un fort besoin de formation
des pisciculteurs si l'on veut un fort développement de la pisciculture
dans les prochaines années : aménagistes, techniques de reproduction,
production, organisation...
Ce terrain permettra de construire un centre de formation avec une grande
salle et les moyens d'héberger les pisciculteurs sur place. La proximité
du bas-fonds et des étangs permettra de faire des travaux pratiques sur
place.
Les travaux d'aménagement vont commencer rapidement, et l'APDRA-CI recherche
des financements pour continuer ce projet.
Aperçu historique de l’introduction de la carpe chinoise ou
"chinois djeguè" en Côte-d’Ivoire :
Le lundi 06 septembre dernier à la station piscicole de Gagnoa il
nous a été donné de découvrir une exceptionnelle carpe chinoise encore
appelé « carpe amour ». Elle pesait huit (8) kilogramme six cent (600)
grammes.
Le sexage de cette carpe herbivore, c’est-à-dire la vérification du
sexe, a révélé qu’elle est mâle (garçon). L’espèce en question appartient
à la deuxième génération de la carpe chinoise introduite en Côte-d’Ivoire.
On note que c’est au compte du projet d’appui à la profession piscicole
du Centre-Ouest ( PPCO) que la carpe chinoise ou CTENOPHARYNGODON IDELLA
a été introduite officiellement le 29 août 1994. Un lot de 1 200 alevins
est venu du Maroc via l’aéroport International Félix Houphouet Boigny
de Port-Bouet d’Abidjan.
A Gagnoa, en 1994 lorsque les alevins arrivaient pour la première fois
dans les sachets avec oxygène, ils ont été stockés d’abord sur la ferme
d’un pisciculteur de la zone périurbaine à Barouhio. Dans la pisciculture,
la carpe chinoise est propice à la polyculture à l’instar de l’hétérotis
niloticus communément appelé «Cameroun » ou encore « fana » en dioula.
A l’instigation de la Direction de l’aquaculture et des pêches d’Abidjan,
une réunion du comité de suivi des introductions d’espèces s’est tenue
à la station piscicole de Gagnoa les 24 et 25 avril 1998. Réunion au cours
de laquelle on a parlé des avantages et inconvénients de l’introduction
de la carpe chinoise. Lé présence de ce poisson a-t-elle un impact sur
les poissons locaux ou sur l’écologie ? Faut-il le retirer du programme
comme ce fut le cas du Labéo Coubié qui a une croissance dérisoire en
pisciculture ? Telles étaient les questions posées.
La carpe chinoise n’envahira aucunement notre patrimoine hydrographique
parce que pour des raisons climatiques la reproduction naturelle n’est
pas possible. Le besoin d’alevins sera de recourir à la reproduction artificielle
qui commence par une biopsie.
D’une façon élémentaire, la biopsie permet de détecter la maturité et
la qualité des œufs de la femelle géniteur. A présent à la station piscicole
de Gagnoa la reproduction artificielle menée sur les géniteurs de la carpe
chinoise bat son plein. Les résultats de cette reproduction sont probants
dans la mesure où il y a un nombre important de larves et alevins stockés
pour être pré grossis. Il paraît que le cycle de vie de la carpe herbivore
peut atteindre vingt (20) ans.
La carpe amour est originaire de la Chine et de la Sibérie orientale
où elle vit dans les grands fleuves (Amour, Oussouri et Soungari) au nord
du tropique du cancer.
Par Zagbayou Brice - collaboration Charles Baya
Source d’information : document de travail intitulé « éléments d’évaluation
de l’opportunité du développement de la pisciculture de la carpe amour
Ctenopharyngodon Idella en Côte-d’Ivoire » , Frédéric Glasser (avril
1998).
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